L’Affaire Rigot


       Ce matin-là, Jeannot Lenoir compulsait quelques dossiers. Sur une chemise, il s’était contenté de coller des mots découpés dans un journal en caractère gras :
« Fabien Rigot »
       ― Une affaire pour débutant ! avait-il dit au commissaire Marchand. Je parie qu’après cinq minutes vous lancerez comme Bourrel : « Mon Dieu, mais c’est bien sur ! Souvenez-vous… »
       Marchand l’avait regardé, surpris, comme toujours lorsque les deux hommes se rencontraient et observa Lenoir assis confortablement dans son fauteuil relax. Lenoir avait toujours eu horreur des complications. Il habitait un appartement au 107 de l’Avenue Moderne, où était située son agence de détectives privés.
       Le dossier que Marchand tenait à la main n’était qu’une modeste unité parmi cent autres dossiers gonflés de coupures de journaux et de photographies d’armes ou de cadavres. Outre les employés de l’agence de détectives qui résolvaient les affaires référent aux divorces, filatures en tous genres, faux en écritures et autres mésaventures, Lenoir se contentait d’élucider des enquêtes criminelles, essayant toujours de comprendre pour quelles raisons un homme avait commis un forfait. Car il avait toujours une raison.
       ― Vous avez découvert la vérité au sujet d’une énigme actuellement en cours ? avait ironisé Marchand, avant de parcourir les documents qu’il tenait à la main.
       ― Vous réussirez également, Marchand, c’est tellement simple. Il s’agit d’une énigme du début du mois. Ouvrez ce dossier, au lieu de le regarder d’un air stupide.
       Lucien Marchand se reprit en toussotant, ouvrit le dossier et lisait une première coupure de journal :
       Au moment où nous mettons sous presse, on nous avise qu’un crime a été découvert, 17bis rue de la Pompe, dans le 16ème arrondissement de Paris. Situé dans le quartier La Muette Nord, le 17bis rue de la Pompe est un immeuble de 6 étages, tout comme le 17 qu’il jouxte.
       Les parcelles du 17 et du 17bis sont identiques. La station la plus proche du 17bis de la rue de Pompe se situe à 254 m, il s’agit de la station “La Muette”. La victime du 17bis serait Fabien Rigot, un Licencié en sciences-économiques, âgé de quarante-cinq ans. Nous donnerons de plus amples informations sur les circonstances de la mort du jeune homme dans notre édition du soir. Pour l’instant le 62 avenue Mozart se refuse à toutes déclarations. »

       Cette coupure de presse était extraite d’un journal de gauche qui, très tôt matin, avait pu utiliser l’information en dernière minute. La seconde information provenait d’un journal de droite annonçant comme la fin du monde :
Rue de la Pompe :
Le fils d’Edgard Rigot, ex-ministre des finances, assassiné rue de la Pompe.
Une arrestation est imminente.
       Ce vendredi matin, à cinq heures, au moment où il posait les sacs poubelles sur le trottoir, François Deniaud, concierge au 17bis rue du Pompe, a constaté qu’une fenêtre du rez-de-chaussée, qui s’ouvre sur l’appartement de M. Rigot, était entrouverte.
       En s’approchant, il a remarqué qu’une des vitres était brisée. On apercevait un cercle au centre du carreau et on pouvait constater que l’intrus avait enduit la vitre de savon vert. Bien que ce procédé ne soit plus employé que dans les films de seconde catégorie, visiblement impressionné, François Deniaud a téléphoné au commissariat de l’Avenue Mozart.

       Quelques instants plus tard, accompagné du représentant de l’autorité, François Deniaud pénétrait dans l’appartement de son locataire. À deux mètres de la fenêtre brisée et à mi-chemin d’un divan, le corps de Fabien Rigot gisait sur le tapis et on constatait qu’une balle avait pénétré la poitrine et traversé le coeur.
       Fabien Rigot était en pyjama. Autour de lui, on ne releva aucune trace de lutte. La victime possédait ses papiers et on est certain qu’il ne s’agit pas d’un crime crapuleux. L’enquête a été confiée au commissaire Charles Bonnet, conjointement avec la Police judiciaire et la Police Scientifique. Le Parquet a été saisi, sans doute à cause de l’identité de la victime. Mme le Substitut du Procureur de la République Maude Lacroix se tenait derrière le gel des lieux peu avant la publication de notre article.
       Cette enquête semble devoir donner des résultats assez troublants. Si le 17bis et le 17 de la rue de la Pompe semblent identiques, certains détails montrent des différences certaines, et peut-être significatives, entre les deux immeubles. Le commissaire Bonnet l’a fait remarquer à Mme le substitut.
       L’appartement de Fabien Rigot est plus exactement une garçonnière, comportant presque toute l’aile droite de l’immeuble, lequel est divisé en deux par un large couloir. La loge du concierge, qui vit avec sa femme, forme comme une enclave dans une cour.
       Le 17bis n’a pas d’entrée particulière sur la rue et il faut passer devant la loge du concierge pour sortir de l’immeuble.
       L’appartement de la victime est composé d’une antichambre, d’une pièce d’environ trois mètres sur cinq, où le locataire avait l’habitude de dormir sur un divan, d’une salle de bains et d’un petit fumoir. Les deux fenêtres du studio donnent sur la rue de la Pompe ; celles de la salle de bains et du fumoir s’ouvrent au contraire sur la cour.
       Le fils de l’ex-ministre des finances Edgard Rigot était assez connu dans les milieux où l’on s’amuse. Riche, jeune, l’air blasé, il avait hérité et gaspillé, dit-on, une somme considérable d’euros ces dernières années et, depuis lors, il avait dû se contenter de louer un studio rue de la Pompe et bannir ses escapades habituelles.
       Grand, fort, beau garçon, spirituel, la plaisanterie facile, Rigot passait pour avoir beaucoup de succès auprès des femmes. Le fait est que le concierge, qui, chaque matin, lui tenait presque lieu de valet de chambre, lui avait connu un grand nombre de liaisons. Jeunes ou non.
       Depuis peu de temps, cependant, Fabien Rigot semblait s’être assagi, depuis qu’il avait fait la connaissance de sa dernière compagne, Laure Stefani, âgée de vingt-cinq ans, vivant avec lui d’une façon à peu près régulière et peu disposée à laisser prendre sa place.
       Hier soir, pourtant, elle n’est pas rentrée rue du Pompe, ce qui ne lui est arrivé que deux fois en un mois. La première fois, Rigot lui avait fait une scène de jalousie si tumultueuse que le concierge et sa femme en avaient entendu les éclats. Que s’est-il passée la nuit dernière ? Jusqu’ici, on a pu établir que Fabien Rigot était rentré vers 22 heures, après avoir dîné au restaurant, selon son habitude. Sans doute avait-il bu au point de s’être enivré ? En tout cas, il avait fumé, car on a retrouvé un plein cendrier contenant des bouts de cigares.
       Peu avant 1 h, le concierge a été réveillé par un bruit semblable à une détonation. Il a déclaré qu’il s’était dressé sur son lit et qu’il avait instinctivement regardé l’heure. Peut-être se serait-il levé si sa femme ne lui avait dit : »―Encore un pneu qui a éclaté... Il me semble que j’ai entendu un roulement de voiture... »
       L’oreille tendue, méfiant, le concierge nous a dit qu’il avait songé à une bande de jeunes se croyant au Mans. Il avait fini par se rendormir, haussant les épaules. Il paraît certain, comme l’état des lieux le laisse croire, qu’il n’y a pas eu lutte. Le lit étant défait, on peut reconstituer les événements comme il suit :
I.             Que Fabien Rigot s’était couché, assez tard sans doute.
II.          Que le malfaiteur avait soigneusement découpé la vitre de telle façon qu’on n’entende aucun bruit, bien que son pied eût heurté un objet, une fois dans la chambre.
III.       Que Rigot s’est levé, a fait quelques pas en avant, et est tombé sur son agresseur sans avoir eu le temps de se défendre.
       Une chose paraît cependant étrange : Fabien Rigot avait l’habitude de poser chaque soir, Dieu sait pourquoi, un revolver sur une table de chevet qui était située à côté du divan. Il n’avait que le bras à tendre pour saisir l’arme.
       Or, non seulement il ne l’a pas fait, mais, en voyant la fenêtre ouverte, il n’a pas tenté de s’armer. En effet, le revolver a été retrouvé, avec ses six cartouches, à sa place habituelle. C’est ce qui a donné aux enquêteurs l’idée qu’on n’était pas en présence d’un vulgaire cambriolage.
       Laure Stefani, la compagne de Rigot, s’est présentée spontanément devant le commissaire de police Charles Bonnet et devant Mme le substitut du procureur de la République Maude Lacroix. Mlle Stefani aurait avoué qu’elle avait passé la nuit en compagnie d’un ancien ami, Lorenzo Seveno, rencontré par hasard au Lux Bar situé au début de la rue Lepic, tout près de la Place Blanche.

Le Lux Bar, comme chacun sait, est riche de sa Décoration Art Nouveau et de sa fresque vernie classée Monument Historique... Bernard Dimey en avait fait son lieu de prédilection dans les années 60-70, et s’en était inspiré pour certaines de ses oeuvres.
       Pendant la journée, les clients y sont reçus par Magali et Laurent, les gérants, qui vous proposent une carte simple mais efficace : des omelettes, des tartines... et un plat du jour à tout petit prix ! Tout est fait-maison, à l’arrière du bar !
       Le soir, l’ambiance change et devint rétro : Capt’n Allan, le barman, Grand Fan d’Elvis, vous plonge dans l’Amérique des années 50 à coup de Rock endiablé ! Vous pourrez y déguster de supers cocktails et grignoter des planches de fromages ou de charcuteries.
       D’après ses déclarations, Mlle Stefani comptait rentrer plus tôt que prévu rue de la Pompe. Cette rencontre toute fortuite et devant l’insistance de Lorenzo Seveno, artiste peintre, la jeune femme a modifié ses projets initiaux. Bien que les enquêteurs ne croient pas à un simple cambriolage, les déclarations de Mlle Stefani ont montrées qu’une somme de 1.250 euros en espèces ainsi que les cartes de crédits avaient disparus de l’appartement.
       L’argent liquide et les cartes de crédits se trouvaient dans le tiroir d’une petite table basse au centre de la pièce. Cette somme, Rigot avait été la retirer à sa banque hier matin, car il devait partir ce samedi pour Cannes. Sa compagne ne devait pas, a-t-elle précisé, l’accompagner à Cannes et elle considérait ce voyage comme le prélude d’une rupture.
       Selon la jeune femme, la vie commune n’était plus très heureuse. C’était même devenu un enfer. Les deux amants étaient aussi jaloux l’un que l’autre, en même temps qu’aussi volages. Étrangement, Laure Stefani nous apprend que, quelques jours plus tôt, dans un moment de tendresse, sans doute, Rigot aurait contracté une assurance-vie à son bénéfice : opération dont elle était au courant et qui l’avait étonnée d’autant plus que la stabilité du couple touchait à sa fin.
Tels sont les faits. Il ne nous est pas encore permis de dévoiler les conclusions qu’en tire la police.
       ― Qu’en pensez-vous ? demanda Lenoir.
       ― Je ne puis dire par qui le crime a été commis…
       ― Il ne s’agit pas de cela. Que pensez-vous du compte rendu ? Ils doivent être tous faits sur le même modèle. Évidemment, il est un peu tendancieux : le reporter laisse percer le bout de l’oreille ; mais, du moins, ne néglige-t-il aucun détail, pas même les bouts de cigares. Des Coronas, je l’ai su en téléphonant au concierge qui est amateur de cigares également.
       « Ensuite, je me suis rendu au 66 de la rue, au Tabac de la mairie, où j’ai appris qu’un fumeur normal mettait quarante minutes environ pour en achever un... D’après le légiste, il est établi que Rigot est rentré chez lui à 22 h après être allé au restaurant. L’heure de la mort se situe entre minuit et 1 heure.
       « On trouve quatre cigares Coronas dans le cendrier. D’après sa compagne, Fabien Rigot fume peu. Un cigare le soir, les jambes étendues, un bon livre à la main. Il ne fume pas le cigare, il le savoure. Or, ici, nous trouvons quatre bouts de cigares dans un vulgaire cendrier à côté de son divan... Comme nous le savons, l’appartement de Rigot est constitué d’un fumoir dans lequel Fabien déguste son tabac et il possède un cendrier design Azzaro... Toujours d’après sa compagne, nous savons qu’avant de se rendre au restaurant, Rigot passe machinalement l’aspirateur dans l’appartement, ce qui indique qu’il est impossible qu’à son retour il ait retrouvé des mégots dans un cendrier quelconque…
       ― Voudriez-vous dire qu’il n’a pas fumé de cigares dans la pièce où il se tenait d’habitude ? dit Marchand.
       ― Absolument. Rigot savourait ses cigares dans son petit fumoir. Je pense donc qu’une personne non habituée à déguster le cigare a écrasé les restes de quatre cigares dans le cendrier de la pièce où Rigot se tient d’habitude. Je dis bien quelqu’un qui fumerait un cigare comme une cigarette. Sans délicatesse.
       ― Où cette histoire de cigares nous mène-t-elle ?
       ― Jetez donc un coup d’oeil sur le plan dressé par le commissaire Bonnet à mon intention...
       ― La documentation s’arrête là ?
       ― À peu près... Il y a l’extrait d’un rapport de la mondaine au sujet de Laure Stefani… Plutôt mauvais. Femme entretenue... Origines des plus basses... Son père était marchand ambulant et avait un casier judiciaire chargé...
       ― Fabien Rigot voulait vraiment rompre ?
       ― Lisez !  Vous avez toutes les pièces en main.
       ― Laure Stefani avait une clé de la porte d’entrée ?
       ― Elle en avait une.
       ― Elle a passé la nuit au Lux Bard ?
       ― Jusqu’à 1 heure.
       Marchand avait étalé les coupures de journaux devant lui, ainsi que le plan.
       ― Que sont tous ces gribouillages ? questionna-t-il en remarquant des notes sur un rectangle de carton.
       ― La réponse que m’a faite l’Office météorologique à une question que je lui ai posée. Lisez : Pluie sur l’ensemble de Paris dans la nuit du 5 au 6, de deux à trois heures et demie. Fort vent de nord ouest. 
       Et, Jeannot Lenoir ajouta avec lassitude, comme s’il n’avait jamais autant parlé :
       ― C’est la nuit du crime. C’est tout ! Vous n’avez pas encore compris ?
       Marchand ne voulait pas se prononcer à la légère. Il prit un Bic et, sur le plan, il observa les noms que Lenoir avait écrits en colonne :
       Fabien Rigot : la victime.
       Laure Stefani : sa compagne.
       Lorenzo Seveno : son ami de rencontre dans la soirée du 5 au 6, au Lux Bar, rue Lepic.
       François Deniaud : le concierge.
       Michelle Orian : sa femme.
       Un cambrioleur inconnu ?
       Le Bic de Marchand resta en suspens, hésitant à s’abaisser, accusateur, vers un de ces six noms. Jeannot Lenoir s’était levé. Il était penché sur l’épaule de son compagnon.
       ― Voyons un peu cela, dit Marchand, ce n’est pas facile. Il faut tout examiner, même l’invraisemblable, n’est-ce pas ? Rigot ne s’est pas suicidé, Laure Stefani est rentrée à 1 h et le crime a eu lieu entre 22 h et 1 h, Lorenzo Seveno n’a pas accompagné Laure Stefani rue de la Pompe et est resté au Lux Bar... Il nous reste un cambrioleur inconnu, ce qui est possible puisqu’on a volé 1.250 euros et des cartes de crédits, et le concierge de l’immeuble et sa femme... J’hésite...
       En effet, le Bic de Marchand était toujours en suspens, lorsque, d’une pression légère, il se força à l’abaisser vers un des noms. La pointe du Bic avait touché la ligne où était écrit le mot concierge.
       ― Tellement simple ! expliqua Jeannot Lenoir. Le plan et le bulletin météorologique ! Le crime a été commis entre 22 h et 1 h,  alors qu’il pleuvait avec un fort vent de nord-ouest, et que, par conséquent, la pluie mouillait la fenêtre. Et, pourtant, on retrouve du savon sur les vitres ! Et pas une trace d’eau à l’intérieur de la chambre ! Autrement dit, la fenêtre a été ouverte et enduite de savon entre 22 h  et 1 heure ! C’est-à-dire avant que Laure Stefani ne rentre du Lux Bar...
       « Si quelqu’un était entré par la porte s’ouvrant sur la rue, il aurait laissé des traces de pas dans le corridor et dans la chambre. Les policiers les auraient décelées. Il y a une porte condamnée derrière le divan. On pourrait croire, comme le prouvent les cigares, que Fabien Rigot s’est couché très tard... Ce qui est faux !
       « Il n’a pas eu le temps de se coucher et n’a pas fumé de cigares. L’assassin, qui fume le cigare sans le déguster, a apporté les restes des cendriers de ses cigares. Il le guettait, derrière la porte du fond qui n’est condamnée que pour Rigot. Il a attendu qu’il soit en tenue de nuit. La porte s’est entrouverte et la balle est partie au moment où Rigot s’est retourné…
       « L’assassin n’est pas entré par la fenêtre, mais il est ressortit par ce chemin. Il lui restait à défaire le lit, à ouvrir un tiroir, à prendre l’argent destiné au voyage à Cannes. L’assassin est sorti de l’appartement en brisant la vitre et en maquillant la fenêtre de l’extérieur. C’est pour cette raison, d’ailleurs, que nous ne trouvons pas d’éclats de verre à l’intérieur du studio… Remarquez que cette idée d’utiliser du savon ne serait pas venue à une femme coquette ! Tandis qu’un concierge qui fait le ménage de son locataire !
       ― S’il faisait le ménage de Rigot, il aurait dû savoir que  les cigares de Rigot étaient d’une qualité supérieure aux siens ?
       ― En effet, néanmoins, outre ce détail, ce n’était pas trop mal combiné...
       ― A-t-on découvert pourquoi le concierge avait abattu Rigot ?
       ― Une histoire sordide, répondit Lenoir. Il a avoué, dès son arrestation par Charles Bonnet :
       »–– La première fois que je l’ai vu, j’ai tout de suite su que je le tuerais. Je ne savais pas quand, mais je savais pourquoi. Et, dans la nuit du 5 au 6 octobre, j’ai décidé de passer à l’acte. Il est dur pour un homme comme moi, monsieur le commissaire, qui a passé sa vie à être au service des autres, de constater qu’un paumé, un homme qui n’a jamais fait grand-chose dans sa vie, si ce n’est que d’hériter et de toujours avoir les moyens d’entretenir des femmes de mauvaises vies en les comblant de tout ce qu’elles désirent, sans efforts, et qu’il peut dilapider, avec des airs de seigneurs, l’argent que nous avons tellement de mal à gagner !
       »––J’aurais tellement voulu offrir un petit cadeau à ma femme avec les 1.250 euros du tiroir de la table. J’étais mal payé, monsieur le commissaire, j’étais malheureux et je trouvais tellement injuste que cette espèce-là puisse tout se permettre parce que son père avait été ministre.
       ― À votre avis, il en prendra pour vingt ans ? interrogea Marchand.
       ― Si j’étais juré, le jour du procès, je l’acquitterais… De toute façon, si ça n’avait pas été le concierge, un autre malheureux lui aurait fait la peau un prochain jour…
       –– Vous croyez ?
       –– Ben, voyons !

Paris, France, rue de la Corrèze, juillet 2014



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