LA FEMME OBSERVEE
Elle écrivait de la main gauche,
Très consciencieusement s'entend.
Non point qu'elle rédigeât une ébauche
De quelque poème ou de roman,
Mais elle s'appliquait à faire plus beau
Tout ce qu'elle transcrivait d'une plume fine,
Alors qu'au-dehors tombait l'eau
Qui répandait ses blanches mousseline.
Dans les caniveaux proches de la maison de repos
Où l'on ne voyait plus ou si peu le malheur
Qui y régnait de face, de profil et de dos
Et qui frappait tous ces gens avec fureur.
Elle était là ! Les cheveux châtains foncés,
Le regard sévère fixé sur les feuilles blanches,
Le pantalon beige, en ce lieu, bien repassé,
La veste verte et courte lui tombant sur les
hanches.
Elle eût pu ressembler à une reine d'Égypte
Qui, sans le vouloir, se serait trompée d'époque,
Pour enfin, seule, au milieu d'une crypte,
Être prise à un jeu bien équivoque.
La plume sur les pages écrase les mots,
Le stylographe de couleur rose fait trembler le
papier,
Après tant d'efforts et de courage : pas trop
tôt !
Elle a réussi à tous les maîtriser.
Mais il est tard ! Elle va prendre son auto.
Elle ne peut se passer de cette gazelle,
Pour rentrer chez elle, afin de se remettre au
boulot,
Comme tous les jours, espérant que demain sera pour
elle.
Mais elle n'a pas fini journée,
Telles toutes les femmes d'aujourd'hui
Et d'hier, qui, comme de véritables araignées
Se meuvent et s'éreintent dans leur nid.
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