A Laurence,


Quand le soleil de mai rit à travers les feuilles,

Quand d’un regard charmant, joyeuse, tu m’accueilles,

Je sens un feu divin dans mon cœur s’allumer ;

Sans l’amour, sans la foi, notre âme serait noire.

Dieu ne l’a pas voulu. La nature fait croire,

La femme fait aimer.



Oh ! pour le reste de la vie,

Qu’on nous plaigne ou qu’on nous envie,

Tant que nos cœurs se comprendront,

Puisse une sereine pensée,

A ton chevet toujours fixée,

Poser ses ailes sur ton front !



Figurez-vous, ô dame, au beau front triomphant,

Au frais sourire en une fraîche bouche,

A l’oeil limpide, innocent et farouche

Dont la paupière en amande se fend.

Vous êtes gaie et rose, grande et svelte.

Je respire à peine devant elle,

Tout fier d’être homme et tout sot d’être enfant.



Elle est gaie et pensive ; elle me fait songer

A tout ce qui reluit malgré de sombres voiles,

Au bois pleins de rayons, aux nuits pleines d’étoiles.

L’esprit en la voyant s’en va je ne sais où.

Elle a tout ce qui peut rendre un pauvre homme fou.


Tantôt c’est une enfant, tantôt c’est une reine.

Hélas ! quelle beauté radieuse et sereine !

Elle a de fiers dédains, de charmantes faveurs,

Un regard très doux sous de longs cils rêveurs,

L’innocence, et l’amour qui sans tristesse encore

Flotte empreint sur sont front comme une vague aurore,

Et puis je ne sais quoi de calme et de vainqueur !

Et le ciel dans ses yeux met de l’enfer dans mon cœur !



N’écoutez pas trop, Madame, en cette rêverie,

Le monde aux mille voix qui là-bas pleure et crie.

Entends plutôt mon cœur qui parle à ton côté,

Ecoute-le chanter pendant que tu reposes.

Va, les soupirs d’un cœur disent bien plus de choses

Que les rumeurs d’un été !




Liège (Belgique), 23 juin 2015

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