La chambre de famille.


    Il semble que, dans cette pièce, le passé vous écoute et que les grands-parents vous observent. Ne sont-ils pas chez eux ? Rien n'y est changé depuis qu'ils nous ont quittés. C'est dans cette bergère que somnolait le grand-père, le journal déplié sur les genoux ; sa grosse canne pommeau d'ivoire est restée dans le coin où il la déposait d'ordinaire. On croit entendre le bruit de son pas, un peu lourd et traînant, lorsqu'il traversait l'antichambre, et l'on se rappelle le bon sourire, le regard heureux qu’il promène autour de lui. Sur les lourds chenets, on aperçoit les traces denses pantoufles, on le voit penché vers la flamme faisant écran de ses mains aubinées.
Comme on les regardait ces mains dont on connaissait les moindres rides et comme on les aimait surtout, sachant qu'elles ne s'étaient jamais ouvertes que pour aider les autres.


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